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- Règlement européen MDR : comprendre les nouvelles normes pour les dispositifs médicaux
Page publiée le 26/02/2025
Règlement MDR pour les dispositifs médicaux : décryptage et calendrier d’application
Le règlement européen MDR (Medical Devices Regulation) est entré en vigueur le 26 mai 2021, avec pour objectif de renforcer la sécurité et la qualité des dispositifs médicaux tout en harmonisant les pratiques au sein de l’Union européenne. Une période de transition, initialement prévue jusqu’en 2025 pour permettre aux fabricants de s’adapter à ces nouvelles exigences, a depuis été prolongée jusqu’en 2027 ou 2028 selon les dispositifs. Découvrez les exigences auxquelles les fabricants doivent se conformer et le calendrier d'application.
Sommaire
Objectif du règlement MDR
Le règlement européen (UE) 2017/745(1), également appelé MDR (Medical Devices Regulation), encadre la commercialisation des dispositifs médicaux sur le marché européen à travers un ensemble de règles et de contraintes que fabricants et distributeurs doivent respecter.
Entré en application le 26 mai 2021, le règlement MDR intègre les anciennes directives 90/385/CEE et 93/42/CEE qui régissaient jusque-là les dispositifs médicaux.
Cette nouvelle législation répond à la nécessité d'harmoniser les pratiques entre les États membres de l'UE. Elle vise à renforcer les contrôles des opérateurs par les autorités et organismes compétents afin de :
- Garantir un niveau de sécurité optimal pour les patients ;
- Prévenir l’introduction de dispositifs potentiellement dangereux sur le marché européen ;
- Assurer la traçabilité des dispositifs après leur commercialisation, en vue de garantir un meilleur suivi médical pour les patients, ainsi qu’une meilleure gestion des risques et une meilleure qualité de soins par les professionnels de santé ;
- Favoriser l’innovation, en obligeant les fabricants à intégrer des conditions maximales de sécurité dès la conception des produits.
Elle est contraignante et obligatoire pour tous les organismes publics ou privés soumis au droit de l’UE, sans transposition nationale.
Ainsi, le règlement MDR répond à une nécessité de renforcer la sécurité des patients tout en maintenant des normes de qualité élevées, tout en favorisant l’innovation dans le domaine des dispositifs médicaux.
Les évolutions apportées par le MDR
1 - Une nouvelle définition du « dispositif médical »
La réglementation modifie la définition des dispositifs médicaux(2), qu’elle clarifie et élargit (article 2, paragraphe 1).
Est désormais considéré comme dispositif médical tout instrument, appareil, équipement, logiciel, implant, réactif ou autre article destiné à être utilisé chez l’Homme :
- Pour des fins médicales précises (diagnostic, prévention, contrôle, traitement, compensation d’une blessure ou d’un handicap, etc.), ou pour communiquer des informations via des examens in vitro ;
- Dont l’action principale n’est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou immunologiques, mais qui peut être assistée par de tels moyens.
Cette nouvelle définition implique de considérer désormais comme des dispositifs médicaux l’ensemble des produits suivants :
- Les produits destinés à nettoyer, désinfecter ou stériliser les dispositifs médicaux ;
- Les produits n’ayant pas de destination diagnostique ou thérapeutique, mais dont les caractéristiques et les risques sont analogues à ceux des dispositifs médicaux : lentilles non correctrices, produits de comblement pour les rides, appareils d’épilation à lumière pulsée intense, etc. Ces produits sont listés dans l’annexe XVI du règlement MDR.
Ces nouveaux produits s’ajoutent aux autres dispositifs déjà reconnus comme médicaux et sont aussi classés selon les catégories de risques définies par le MDR.
Les risques sont divisés en quatre catégories :
- Classe I(2), risque faible : béquilles, fauteuils roulants, lunettes correctrices…
- Classe IIa, risque modéré : lentilles de contact, aides auditives, couronnes dentaires, laveurs désinfecteurs, certaines solutions de désinfection, etc. ;
- Classe IIb, risque élevé : produits de désinfection pour lentilles, pompes à perfusion, lasers esthétiques…
- Classe III, risque très élevé : prothèses de hanches, stents cardiovasculaires, implants mammaires, stimulateurs cardiaques, produits de comblement esthétique, etc.
2 - Des processus de certifications plus complets
La réglementation modifie également les processus de certification par les organismes notifiés, c’est-à-dire les organismes responsables de la certification selon le MDR, GMED et AFNOR en France.
Les contrôles ont vocation à être plus stricts, en particulier pour les dispositifs à haut risque, avec une évaluation clinique préalable renforcée. Les certificats de conformité délivrés selon le règlement MDR par un organisme notifié ont une durée maximale de cinq ans(3) et peuvent être renouvelés sur la base d’une nouvelle évaluation.
Bon à savoir
Les dispositifs médicaux déjà commercialisés ne sont pas automatiquement conformes aux nouvelles exigences introduites par le règlement MDR et doivent passer par un processus de recertification pour continuer à être commercialisés(4).
La surveillance du marché national des dispositifs médicaux est réalisée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui participe également à la désignation et au contrôle des organismes notifiés.
3 - Renforcement du suivi de la commercialisation
Le MDR exige aussi que les fabricants établissent un système de surveillance après commercialisation pour chaque dispositif médical, en fonction de sa classe de risque. Ce système implique de collecter, d'enregistrer et d'analyser les données sur la qualité, les performances et la sécurité du dispositif médical pendant tout son cycle de vie. Doivent être ainsi collectés et traités les incidents graves, les effets secondaires indésirables, les réclamations et autres données pertinentes.
Pour les dispositifs de classes IIa, IIb et III, les fabricants doivent également produire des rapports périodiques de sécurité (PSUR).
Ils sont aussi tenus de signaler tout incident indésirable grave et inattendu qui se produit, et toute action corrective de sécurité sur le terrain aux autorités compétentes de l’UE sous 15 jours(5).
4 - Désignation d’une personne responsable
Autre évolution : le règlement MDR impose aux fabricants et mandataires de désigner une personne responsable du respect de la réglementation(3). Cette personne, au sein de leur organisation, doit posséder une expertise en dispositifs médicaux, attestée par :
- Un diplôme en droit, médecine, pharmacie, etc. complété par au moins un an d’expérience dans la réglementation ou les systèmes qualité des dispositifs médicaux ;
- Quatre ans d’expérience dans le domaine de la réglementation ou des systèmes de gestion de la qualité en rapport avec les dispositifs médicaux.
Ses missions incluent notamment de :
- Vérifier la conformité des dispositifs selon le système de gestion de la qualité avant leur mise sur le marché ;
- Maintenir à jour la documentation technique et la déclaration de conformité UE ;
- Assurer le suivi après commercialisation et les notifications réglementaires ;
- Garantir l’émission de déclarations pour les dispositifs en investigation.
Les fabricants de dispositifs sur mesure peuvent prouver leur expertise par une expérience professionnelle de deux ans dans un domaine pertinent.
Les micro et petites entreprises ne sont pas tenues d’avoir cette personne en interne mais doivent pouvoir accéder en permanence à un expert externe.
5 - Amélioration de la traçabilité
Le règlement MDR vise également à renforcer la sécurité et la traçabilité des dispositifs à travers la mise en place d’un système d’identification, l’IUD(6) (Identifiant Unique du Dispositif, ou encore UDI pour Unique Devis Identifier), attribué à chaque dispositif.
L’identifiant doit être référencé sur l’ensemble des documents officiels et intégré à la base de données partagées EUDAMED(7) (European Database on Medical Devices) pour que toutes les informations relatives à chaque dispositif médical y soient enregistrées et stockées.
EUDAMED a ainsi pour vocation de fournir un panorama du cycle de vie des dispositifs médicaux disponibles dans l’UE. En regroupant les données les concernant, elle facilite l'accès du public et des professionnels de la santé à l'information et vise à renforcer la coordination entre les États membres de l'UE.
L’IUD pourra ainsi s’avérer crucial pour gérer les rappels de produits en cas de défaillance. Elle figurera aussi sur la carte d’implant(8) que les fabricants fournissent aux patients concernés pour permettre l’identification des patients nécessitant des soins particuliers, notamment en cas d’urgence.
Calendrier d'application du règlement MDR
1 - Entrée en vigueur et première période de transition
Si le règlement est entré officiellement en vigueur le 26 mai 2021, une période de transition a d’abord été prévue jusqu’en 2025 pour permettre aux fabricants de s’adapter aux nouvelles exigences. Elle a été étendue en raison des difficultés rencontrées par l'industrie, notamment à cause de la pandémie de Covid-19 et des démarches administratives complexes.
Cette extension a permis aux fabricants de continuer à mettre sur le marché des dispositifs conformes aux anciennes directives jusqu’au 26 mai 2024, à condition de respecter certaines exigences (conformément aux Directives sur les dispositifs médicaux).
2 - Une nouvelle transition échelonnée
Cette période de transition a de nouveau été allongée :
- Jusqu'en 2027(9) pour les dispositifs présentant un risque élevé ;
- Jusqu'en 2028 pour les autres classes de dispositifs.
Ces extensions permettent aux fabricants de disposer de plus de temps pour se conformer aux nouvelles exigences, tout en assurant la continuité de l'approvisionnement en dispositifs médicaux essentiels.
En parallèle, l’ANSM, GMED et l’AFNOR ont mis en place des démarches et des formations pour accompagner les fabricants dans leur évolution et pour prévenir toute rupture d’approvisionnement, liée ou non à l’application du règlement MDR.
Liens utiles
Sources
(1) Nouveau règlement MDR - Commission Européenne
(2) Les dispositifs médicaux (implants, prothèses) - Ministère du Travail, de la santé, des solidarités et des familles - 2024
(3) Règlement (UE) 2017/746 du Parlement Européen et du Conseil du 5 avril 2017 – Eur-lex.europa.eu – 2017
(4) Question écrite n° 3640 : Obtention des marquages CE Medical Devices Regulation pour les TPE/PME – Assemblée nationale - 2023
(5) La vigilance selon les nouveaux règlements DM 2017/745 et DMDIV 2017/746 – ANSM – 2022
(6) Unique Device Identifier - Commission Européenne
(7) EUDAMED - Commission Européenne
(8) Fiche d’information à l’intention des fabricants de dispositifs médicaux implantables - Commission Européenne - 2021
(9) Questions et réponses: La Commission propose une prolongation des périodes transitoires pour l'application du règlement relatif aux dispositifs médicaux - Commission Européenne - 2023
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