Risques chimiques dans le BTP : les 3 étapes clés pour une prévention réussie

Solvants, résines, acides, fumées de soudage… Les produits chimiques sont omniprésents sur les chantiers et peuvent représenter un danger réel pour la santé des ouvriers. Voici les étapes clés pour identifier, limiter et maîtriser ces risques, conformément aux obligations du Code du travail.

Au sommaire de cet article :

Évaluer les risques chimiques
Réduire l’exposition au minimum
Sensibiliser vos salariés aux risques chimiques

Étape 1 : évaluer les risques chimiques

Pour mettre en œuvre les mesures de prévention les plus adéquates, vous pouvez dans un premier temps identifier les produits et nuisances auxquels sont exposés vos ouvriers. Pour ce travail d’évaluation, vous pouvez vous appuyer sur :

Les étiquettes apposées sur les produits dangereux : vous y trouverez notamment différents conseils utiles pour vos interventions ou encore le stockage et l’élimination du produit ;
Les fiches de données de sécurité : rédigées par les fournisseurs de substances et mélanges dangereux pour la santé humaine et l’environnement, elles vous indiquent les moyens de protection et les mesures à prendre en cas d’urgence ;
La nature, le degré et la durée de l’exposition ;
Les conditions dans lesquelles se déroulent vos activités ;
Les valeurs limites d’exposition professionnelle et les valeurs limites biologiques fixées par décret…

N’oubliez pas de mettre à jour votre document unique d’évaluation des risques (DUERP) à chaque fois qu’une modification importante des méthodes et des conditions de travail survient.

Bon à savoir

En France, environ 30 % des maladies professionnelles reconnues sont liées à une exposition à des agents chimiques⁽¹⁾.

Les secteurs du BTP, de la maintenance et des industries de transformation sont parmi les plus concernés, notamment par des substances comme l’amiante, la silice ou les poussières de bois.

Étape 2 : réduire l’exposition au minimum

Une fois les risques identifiés, l’objectif est de limiter l’exposition des travailleurs aux substances dangereuses. Voici les leviers d’action à privilégier :

Optimiser les méthodes de travail

Stockage : conservez les produits dans des contenants hermétiques, étiquetés et adaptés, dans un local ventilé et sécurisé ;
Manutention : utilisez des équipements (chariots, pompes, doseurs) pour éviter le contact direct avec les substances ;
Transport : limitez les déplacements de produits dangereux sur le chantier et privilégiez les circuits courts.

Fournir les équipements de protection adaptés

Gants résistants aux produits chimiques, lunettes de sécurité, masques respiratoires (FFP2 ou FFP3 selon les substances), combinaisons jetables ou lavables ;
Les EPI doivent être choisis en fonction du type de produit et de la durée d’exposition, et entretenus régulièrement.

Mettre en place des protections collectives

Ventilation générale ou localisée ;
Barrières physiques ou cloisonnements ;
Signalisation claire des zones à risque ;
Organisation du chantier pour limiter les croisements entre zones exposées et zones de passage.

Limiter le nombre de personnes exposées

Organisez les tâches pour que seules les personnes formées et équipées interviennent dans les zones à risque ;
Planifiez les interventions à des moments où le chantier est moins fréquenté.

Mettre en place des mesures d’hygiène strictes

Installez des points d’eau pour le lavage des mains, des douches de sécurité en cas de projection, et des zones de décontamination ;
Interdisez de manger, boire ou fumer dans les zones où des produits chimiques sont utilisés ;
Prévoyez des vestiaires séparés pour les vêtements de travail et les vêtements personnels.

Restreindre l’accès aux zones sensibles

Sécurisez les zones de stockage avec des verrouillages, signalétiques claires et accès contrôlés ;
Affichez les pictogrammes de danger et les consignes de sécurité visibles à proximité.

Privilégier la substitution

Remplacez les produits les plus dangereux par des alternatives moins nocives (ex. : peintures à base d’eau au lieu de solvants organiques) ;
Consultez les fournisseurs pour identifier des formulations plus sûres ou des technologies propres.

Étape 3 : sensibiliser vos salariés aux risques chimiques

Dans cette démarche de prévention, l’information de vos ouvriers est essentielle :

Informer clairement sur les risques

Présentez les produits utilisés sur le chantier, leurs dangers (irritants, toxiques, CMR…) et les pictogrammes associés ;
Affichez les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) et les valeurs limites biologiques (VLB) lorsque cela est pertinent ;
Diffusez les consignes de sécurité sur les zones de travail et dans les vestiaires.

Vous pouvez utiliser des supports visuels (affiches, pictos, QR codes vers les FDS) pour faciliter la compréhension.

Mettre à disposition les fiches de données de sécurité (FDS)

Chaque produit chimique doit être accompagné de sa fiche de données de sécurité, fournie par le fabricant ;
Ces fiches doivent être accessibles à tous les salariés, en version papier ou numérique ;
Elles contiennent des informations essentielles : risques, mesures de protection, conduite à tenir en cas d’accident.

Pensez à intégrer les FDS dans le plan de prévention ou le PPSPS (Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé).

Former aux bons gestes et aux équipements

Organisez des sessions de formation régulières, notamment lors de l’arrivée de nouveaux produits ou de nouveaux salariés ;
Sensibilisez aux gestes d’hygiène : lavage des mains, port des EPI, interdiction de manger ou fumer sur les zones à risque ;
Apprenez à utiliser correctement les équipements de protection individuelle : ajustement des masques, vérification des gants, entretien des tenues.

Impliquer les salariés dans la démarche de prévention renforce leur vigilance et leur engagement.

Les produits chimiques sont omniprésents dans le secteur du BTP, mais leurs dangers ne doivent pas être sous-estimés. En appliquant une démarche structurée — identification des risques, réduction de l’exposition, hiérarchisation des mesures de prévention et formation des équipes — vous protégez non seulement la santé de vos collaborateurs, mais aussi la pérennité de votre activité.

^{(1) INRS – janvier 2023 - Maladies d’origine professionnelle et accidents du travail}

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