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Page mise à jour le 23/09/2025

Financer son entreprise autrement : comptes courants d’associés et dividendes en actions

Vous êtes dirigeant ou associé d’une entreprise et vous cherchez des solutions pour financer vos projets sans alourdir votre trésorerie ? Deux dispositifs simples et efficaces existent : le compte courant d’associé et le paiement de dividendes en actions. Voici comment les utiliser intelligemment.

© mapodile

Au sommaire de cet article

Le compte courant d’associé : un financement souple, rapide et stratégique

Le compte courant d’associé est un mécanisme simple et efficace permettant à un associé ou dirigeant de prêter temporairement des fonds à sa société. Ce dispositif est particulièrement utile pour renforcer la trésorerie sans recourir à un emprunt bancaire ou à une augmentation de capital.

Le compte courant d’associés, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un prêt consenti par un associé à sa propre entreprise, inscrit dans les comptes comme une dette de la société envers cet associé. Contrairement à un apport en capital, ce prêt est remboursable et peut être rémunéré par des intérêts.
Les sommes versées peuvent provenir :

  • De dividendes non perçus (l’associé choisit de les laisser à disposition de l’entreprise) ;
  • De remboursements de frais non réclamés ;
  • Ou de versements volontaires pour soutenir un besoin ponctuel de trésorerie.

Comment ça fonctionne ?

Voici les étapes clés du fonctionnement du compte courant d’associé, de la mise à disposition des fonds jusqu’à leur éventuel remboursement :

  1. Mise à disposition des fonds : l’associé verse une somme à l’entreprise, qui l’enregistre en compte courant.
  2. Convention de compte courant (fortement recommandée) : elle précise les modalités du prêt (montant, durée, taux d’intérêt, conditions de remboursement).
  3. Utilisation des fonds : l’entreprise peut les utiliser librement pour financer son activité.
  4. Remboursement : les fonds peuvent être récupérés à tout moment, sauf clause de blocage temporaire.
  5. Rémunération : des intérêts peuvent être versés à l’associé, dans les limites fixées par la réglementation fiscale.

Quels sont les avantages ?

Ce dispositif présente plusieurs atouts pour l’entreprise comme pour l’associé :

  • Souplesse : mise en œuvre rapide, sans formalités lourdes ni intervention bancaire ;
  • Rémunération possible : les intérêts versés à l’associé peuvent être déductibles du bénéfice imposable de l’entreprise ;
  • Disponibilité : les fonds sont généralement récupérables à tout moment, sauf clause contraire ;
  • Renforcement temporaire de la trésorerie : idéal pour faire face à un besoin ponctuel (paiement de fournisseurs, investissements, etc.). 

Les points de vigilance

Comme tout outil financier, le compte courant d’associé doit être utilisé avec précaution. Voici quelques éléments à surveiller :

  • Convention écrite : elle n’est pas obligatoire mais fortement conseillée pour éviter tout litige et encadrer les conditions du prêt ;
  • Taux d’intérêt : il doit rester dans les limites admises par l’administration fiscale pour être déductible (taux de référence publié chaque trimestre) ;
  • Clause de blocage : elle peut être prévue pour garantir la stabilité des fonds sur une période donnée ;
  • Risques de requalification : en cas d’absence de formalisme ou de taux excessif, l’administration fiscale peut requalifier l’opération. 

Comment le mettre en œuvre concrètement ?

Pour tirer pleinement parti du compte courant d’associé, voici les étapes à suivre :

  1. Identifier le besoin de financement : montant, durée, usage.
  2. Échanger avec l’associé concerné : valider sa volonté de mettre les fonds à disposition.
  3. Rédiger une convention de compte courant :montant du prêt, taux d’intérêt (si applicable), modalités de remboursement, clause de blocage éventuelle.
  4. Enregistrer l’opération en comptabilité : le prêt figure au passif du bilan.
  5. Suivre les remboursements et intérêts : selon les termes convenus.

Bon à savoir

Pour faciliter vos démarche le site LegalPlace vous propose des modèles types de convention de compte courant d’associé.

Fiscalité du compte courant d’associé : ce qu’il faut savoir

Le compte courant d’associé présente un intérêt fiscal à double niveau : pour l’entreprise qui verse les intérêts, et pour l’associé qui les perçoit.
 
Côté entreprise : déduction des intérêts

Les intérêts versés à l’associé sont considérés comme des charges financières et peuvent être déduits du résultat imposable de l’entreprise, à condition de respecter deux critères essentiels(1) :

  • Le capital social doit être entièrement libéré ;
  • Le taux d’intérêt appliqué ne doit pas dépasser le plafond fixé par l’administration fiscale, appelé taux de référence.

Si ces conditions ne sont pas respectées, la partie excédentaire des intérêts (ou leur totalité) doit être réintégrée extra-comptablement dans le résultat fiscal.
 
Côté associé : imposition des intérêts perçus

Les intérêts reçus par l’associé sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), également appelé “flat tax” (2) :

  • 12,8 % d’impôt sur le revenu ;
  • 17,2 % de prélèvements sociaux ;
  • Soit un total de 30 %.

Le paiement de dividendes en actions : une solution intelligente pour préserver la trésorerie

Habituellement, lorsqu’une société verse un dividende à ses actionnaires, elle le fait en numéraire. Mais il est aussi possible de procéder à une distribution de dividendes en actions. Explications.

Qu’est-ce que le paiement de dividendes en actions ?

Ce mécanisme consiste à proposer aux associés de recevoir leurs dividendes sous forme d’actions nouvelles plutôt qu’en espèces. Cela revient à réinvestir les bénéfices distribuables dans l’entreprise, tout en augmentant la participation des associés au capital. 

Quels sont les avantages pour l’entreprise et les associés ?

Le paiement du dividende en actions est un choix qui peut s’avérer opportun si vous avez des projets de développement en vue pour votre entreprise. Vous pouvez ainsi faire d’une pierre deux coups en récompensant vos actionnaires tout en préservant votre trésorerie, donc votre capacité d’investissement et d’emprunt.

Le paiement du dividende en actions présente un autre avantage : dans la mesure où de nouveaux titres sont créés, il augmente mécaniquement la valeur du capital social de l’entreprise. Ce qui constitue un gage de crédibilité vis-à-vis de vos partenaires d’affaires : clients, fournisseurs, banques, etc.

Ce dispositif présente donc plusieurs bénéfices, tant sur le plan financier que stratégique :

  • Préservation de la trésorerie : aucun décaissement immédiat ;
  • Renforcement des capitaux propres : amélioration de la structure financière ;
  • Implication des associés : ils deviennent davantage parties prenantes du projet ;
  • Image positive : auprès des partenaires financiers et investisseurs.

Les points de vigilance à ne pas négliger

Comme toute opération juridique et financière, le paiement en actions nécessite rigueur et anticipation :

  • Cadre juridique strict : respect des dispositions du Code de commerce et des statuts ;
  • Formalités administratives : augmentation de capital, publication légale, mise à jour des registres ;
  • Dilution du capital : les associés qui choisissent le paiement en numéraire peuvent voir leur part relative diminuer ;
  • Fiscalité : les dividendes restent imposables, même s’ils sont versés en actions. 

Comment le mettre en œuvre dans votre entreprise ?

Cette option est accessible uniquement aux sociétés par actions : SA, SAS et SCA. Pour l’activer, ce type d’opération doit être prévu dans les statuts. Mieux vaut anticiper ce point au moment de leur rédaction. Sinon, vous devrez convoquer une Assemblée Générale extraordinaire, voire une assemblée mixte, pour l’autoriser et la mettre en place.

La mise en œuvre du paiement en actions suit un processus encadré juridiquement :

1.    Décision en assemblée générale :

  • L’AG vote une résolution autorisant le paiement des dividendes en actions ;
  • Les statuts doivent permettre cette option.

2.    Choix des associés :

  • Chaque associé peut opter pour le paiement en numéraire ou en actions ;
  • Le choix est formalisé dans un délai précisé par la société.

3.    Émission des actions nouvelles :

  • La société procède à une augmentation de capital ;
  • Les actions sont attribuées aux associés ayant choisi cette option.

4.    Formalités légales :

  • Publication au greffe ;
  • Mise à jour des statuts et des registres ;
  • Enregistrement comptable.

Fiscalité des dividendes en actions : ce qu’il faut savoir 

Les dividendes versés en actions sont fiscalement traités comme des dividendes classiques. Cela signifie que, même si vous ne percevez pas de liquidités, vous êtes imposé sur la valeur des titres reçus(3).

Deux régimes fiscaux au choix

1.    Le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU ou “flat tax”)(4)

  • Taux global : 30 %, composé de :
  • 12,8 % d’impôt sur le revenu ;
  • 17,2 % de prélèvements sociaux ;
  • Application automatique, sauf option contraire ;
  • Pas d’abattement de 40 %.

2.    Le barème progressif de l’impôt sur le revenu(4)(5)

  • Dividendes intégrés à vos autres revenus ;
  • Abattement de 40 % sur le montant brut des dividendes ;
  • Prélèvements sociaux de 17,2 % toujours dus ;
  • Option à formuler dans votre déclaration annuelle. 

Quel régime choisir ?

Si votre tranche marginale d’imposition est élevée (30 %, 41 %, 45 %), le PFU est souvent plus avantageux. Si vous êtes faiblement imposé (0 %, 11 %, voire 20 %), le barème progressif avec abattement peut réduire significativement votre impôt.

Attention : le choix est global et irrévocable pour l’année. Il s’applique à tous vos revenus de capitaux mobiliers (dividendes, intérêts, plus-values).

Combiner les deux pour plus d’efficacité

Ces deux dispositifs peuvent être utilisés ensemble pour une stratégie de financement optimale. 

Un associé peut choisir de ne pas percevoir ses dividendes en numéraire, les inscrire en compte courant, ou les convertir en actions selon les besoins de l’entreprise.

En résumé :

Dispositif Objectif Avantages Points de vigilance Fiscalité
Compte courant d’associé Financer l’entreprise rapidement Souplesse, rémunération, disponibilité Convention écrite, taux d’intérêt Intérêts soumis au PFU (30%) pour l’associé ; déductibles pour l’entreprise si le capital est libéré et le taux est conforme
Dividendes en actions Renforcer les fonds propres Trésorerie préservée, fidélisation Formalités juridiques, AG Imposés comme des dividendes en numéraire : PFU (30%) ou barème progressif avec abattement de 40%

Le compte courant d’associé et le paiement de dividendes en actions sont deux outils puissants à la disposition des dirigeants et associés pour financer leur entreprise autrement. Simples à mettre en œuvre, ils permettent de renforcer la trésorerie ou les fonds propres sans recourir à l’endettement bancaire.

Cependant, leur utilisation nécessite une bonne compréhension des mécanismes, des implications juridiques et fiscales, ainsi qu’une coordination avec les partenaires comptables et juridiques de l’entreprise. N’hésitez pas à vous faire accompagner pour choisir la solution la plus adaptée à votre situation.

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